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Techniques d'exploration : quittez le sempiternel gris nancéien en direction du sud. Pensez à porter plainte contre le maire plénipotentiaire de Nancy. Après tout, encrouté dans sa mairie tel un fossile acritarche, il doit bien y être pour quelque chose. Pénétrez dans ces profondes vallées vosgiennes avec la sensation étrange de débarquer en Terra incognita. Débusquez ce petit hôtel. Faites-vous oublier du pharmacien suspicieux en faisant mine de partir randonner. Après une belle balade de... 14 mètres à tout casser, rentrez par l'arrière de l'hôtel.

Il fut un temps où le "Relais des Ballons" devait résonner du cliquetis continu d'apprentis Mad Max boudinés dans d'improbables combinaisons de cuir et de métal pour...descendre à la salle à manger prendre le petit-déjeuner. Les mêmes qui, leur thé à sachet jaune dégueulasse englouti, se grisaient à faire vrombir leur machine de mort pour apeurer l'adolescent du coin ruminant son ennui ou la grand-mère laborieuse en quête du pain quotidien. Le carnaval n'est pas toujours là où l'on croit.

Du "Relais des Ballons", des dizaines de guignols en convois pétaradants s'élançaient à toute berzingue à l'assaut des crêtes vosgiennes, persuadés que la liberté consiste à faire plus de bruit que son voisin. De leur équipée sauvage vers les hauteurs, ne leur resteront que des sensations de fracas et de vitesse tout juste adoucies par un vague regard consumériste jeté négligemment aux formes courbées des granites vosgiens.

Pourtant, au cours des siècles, c'est dans un silence mâtiné d'animisme que montaient lentement des vallées des cohortes d'hommes et de femmes afin de rendre hommage au retour des jours lumineux. De ces processions printanières aux incantations lancinantes, ne nous reste aujourd'hui aucune trace, si ce n'est le terme "ballon", hérité de Belenos, dieu gaulois du Soleil, qui sied si bien aux dos arrondis des sommets vosgiens.

Dans le calme précaire du "Relais des Ballons", j'essaye d'ignorer le déferlement métallique des grosses cylindrées pour laisser divaguer mon esprit dans le silence oublié des montagnes. Là-haut le soleil brille, et ça, le maire de Nancy n'y est pour rien.

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