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Techniques d'exploration : passez quelques journées à errer, du nord au sud et d'est en ouest, dans ce pays fantastique qu'est l'Italie. Arrivez à une heure indue dans un village sans charme avec vue imprenable sur l'autoroute. Après une courte nuit, quittez cette vision idyllique de béton pour vous perdre sur une route de campagne serpentant au milieu de forêts interminables. Débusquez cette improbable villa qui semble flotter dans ce silence matinal.

De cette villa isolée au milieu de ces forêts italiennes caressées par un doux soleil printanier, il nous faut retourner à des temps plus sombres, où la fièvre révolutionnaire qui avait embrasé la France quelques années plus tôt, semblait se dissoudre petit à petit dans des envies répétées de guillotine, jusqu'à en faire tronçonner le bourreau.

Le 13 octobre 1793, à l'heure du zénith, la tête au port altier de Maria Antonia Anna Josepha Joanna de Habsbourg-Lorraine, reine de France, se retrouva brutalement séparée de son corps par la froide caresse d'une lame d'acier. Deux puissants jets vermillons vinrent clôturer le spectacle du jour en venant s'écouler au pied d'une foule enfin rassasiée, venue en nombre place de la Révolution pour humer l'odeur du sang bleu.

En ces temps troublés, le sang royal, pas plus qu'un autre, ne semblait avoir de valeur devant la froide réalité d'une géopolitique de têtes (auto)couronnées. Dix-sept ans plus tard, pour recoller les morceaux si j'ose dire, Marie-Louise d'Autriche, petite nièce de la décapitée Marie-Antoinette sus-citée, fut donnée en mariage à l'empereur de France et roi d'Italie, Napoléon Ier. Par ce mariage, l'empire d'Autriche sauvait ce qui pouvait encore l'être devant l'avancée inexorable des troupes napoléoniennes.

Ces mêmes troupes qui devaient, quelques années plus tard, subir le désastre de la campagne de Russie et marquer ainsi l'origine de la villa del Ferlaro. Tandis que Napoléon Ier faisait les cent pas en attendant les cent jours à l'île d'Elbe, la couronne d'Autriche, ragaillardie, parachuta la revenante Marie-Louise d'Autriche, duchesse de Parme, de Plaisance et de Gustalla. C'est dans ces douces contrées italiennes qu'elle fit bâtir en 1827 la villa del Ferlaro pour abriter ses dernières années.

C'est dans ces douces contrées italiennes que je contemple d'un œil curieux cet édifice qui résume les désordres géopolitiques d'une Europe bien lointaine aujourd'hui.

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