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Techniques d'exploration : conduisez à travers un épais brouillard qui semble prendre plaisir à se fondre avec la terre. Faites deux fois le tour de l’imposant pensionnat en vous demandant quelle mouche avait donc piqué les Jésuites pour construire un bâtiment de cette taille au milieu d'un si petit village. Escaladez une barrière bien pointue pour atterrir au milieu d’une végétation encore plus aiguisée. Après quelques piqûres, rentrez par une fenêtre dans une odeur étrange de cendres refroidies.

Fréquenté par des centaines d'élèves, il fut un temps où cet imposant bâtiment devait résonner…d'un silence absolu. De celui imposé par les hordes jésuitiques en toges blanches et spartiates qui contemplaient d'un œil sévère leurs ouailles défiler dans les longs couloirs du pensionnat. De la cantine aux salles de classes, de la chapelle à la zone de promenade, toute l'architecture de ce scolasticat semble se résumer à une tentative d'emprisonnement de l'âme à grande échelle.

Pour avoir fricoté quelque peu avec la fragrance catholique parasitaire, un sentiment de compassion, somme toute pas très éloigné de celui prôné par Benedictus XVI, me montait au cortex cérébrospinal en cheminant le long de ces longs couloirs du pensionnat. Une compassion à la mémoire de tous ces jeunes gens envoyés des quatre coins de France qui durent subir les affres des redresseurs de torts jésuitiques.

Seul au milieu de la lumière arc-en-ciel de la chapelle, j'avais l'impression de sentir autour de moi l'œil inquisiteur qui dut scruter et brider le quotidien de ces centaines d'adolescents en pleine explosion de sen-sex-ualité. Cet œil qui, sous prétexte de probité catholique, tend plutôt vers une politique de contrôle social afin de garder les canards sauvages sur le chemin des enfants du bon Dieu.

Finalement, rassuré par l'abandon des lieux, me vient en tête que rien ne fait plus diverger du droit chemin que les tentatives désespérées des bigots d'inculquer leurs chimères pseudo-paradisiaques du barbu nuageux. De cette tentative de pensée unique, vouée irrémédiablement à l'échec, ne reste aujourd'hui qu'un silence d'un autre genre et des milliers de destins qui prirent un malin plaisir à dériver sur les chemins de la bohême dès que les lourdes portes du pensionnat s'ouvrirent devant eux : Ad maiorem Dei gloriam.

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